Evelyne Axell (1935 - 1972)
Ceinture de sécurité, 1969
émail sur panneau et Plexiglas, 142 x 142 cm
signature en bas au milieu
Evelyne Axell est sans aucun doute une artiste atypique. Née à Namur en 1935, elle démarre par une carrière d'actrice plutôt prometteuse. Elle préfèrera cependant le métier de peintre, auquel elle se consacre dès 1963, se plaçant alors d'emblée comme l'une des principales représentantes du Pop Art européen avec une oeuvre unique en son genre. Nous devons à Evelyne Axell une production particulièrement originale et prolifique compte tenu de sa très courte carrière, huit ans seulement, puisqu'elle disparaît dans un accident de voiture en 1972. À l'instar de Niki de Saint Phalle, autre icône féminine de la scène artistique des années 1960, Axell apprend la peinture en autodidacte. Magritte, qui était un ami de son beau-père et de son mari le réalisateur Jean Antoine, sera son seul professeur, et l'initiera à la peinture à l'huile, faisant pour elle dans les premières années de son parcours figure de mentor. Axell abandonnera néanmoins rapidement le médium classique de la peinture à l'huile pour expérimenter d'autres matériaux plus novateurs, voire expérimentaux, tels que la résine plastique, l'émail et le Plexiglas. L'artiste se sert de ces matériaux pour jouer avec la translucidité et les effets de lumière naturelle.
La Ceinture de sécurité s’intègre dans une série de trois oeuvres du même nom réalisées entre 1966 et 1969. Le thème, très pop, de l’automobile, symbole de la société de consommation, inspire fréquemment l’artiste. Pensons notamment à Axell-Eration, La Conductrice et son double, Rétrovision, Changement des vitesse, Erotomobile, Auto-stop,… Et ceci d’une façon assez ironique puisque c’est justement dans un accident de la route qu’elle trouva la mort, et en particulier parce qu’elle portait une ceinture de sécurité. Aux couleurs vives et à la silhouette stylisée, Ceinture de sécurité est emblématique des oeuvres à l’esthétique pop très marquées que l’on doit à Axell dans les années 1960. Le format de l’oeuvre, en losange, rajoute à son originalité, de même que la ceinture qui dépasse du cadre. Ce dernier élément témoigne de la volonté d’expérimentation des artistes au cours des années 1960, qui entendent sortir du cadre classique de la peinture, au sens strict et figuré du terme. Ce dépassement du cadre, qui chez Axell est souvent matérialisé par le corps féminin, son sujet de prédilection, symbolise son désir de liberté et d’épanouissement, dans le contexte féministe de Mai 68. Détournant les codes publicitaires véhiculant une image de la femme-objet, Axell se réapproprie le thème typiquement masculin de l’automobile et le caractère érotique qu’il évoque pour la liberté et la stimulation des sens auxquels il est associé, pour réaffirmer le contrôle de son corps et ses idéaux égalitaires.